Turbot

Nom :

Turbot

Nom scientifique :

Scophthalmus maximus - Pleuronectiforme de la famille des Scophthalmidés présent sur toutes les côtes françaises et parfois confondu avec la barbue ( Scophthalmus rhombus).

Taille :

Espèce dépassant rarement 100 cm et plus de 25 kg (27 ans).

Historique : des pionniers à nos jours …

Le turbot fait partie des quelques espèces « pionnières » de l'aquaculture marine dont les essais d'élevage larvaire ont débuté en France dans les années 70. La technique d'élevage utilisée à l'heure actuelle a été mise au point dans ses grandes lignes pendant les années 70-80.
De façon très synthétique les étapes ont été les suivantes :

  • obtention des premières pontes en captivité et identification des problèmes spécifiques à l'élevage des larves (passage à l'alimentation exogène, métamorphose, sevrage)
  • optimisation des techniques de reproduction artificielle en saison et à contre saison
  • amélioration de l'élevage des larves en eau claire à partir de rotifères et de petits crustacés du genre Artemia enrichis extemporanément en divers nutriments (particulièrement en acides gras essentiels)
  • résolution du problème du sevrage grâce à la mise au point d'un aliment composé adapté à l'espèce à partir d'un mois et suppression des fonds de sable
  • maîtrise suffisante de la reproduction artificielle et de la production de juvéniles ayant permis le transfert en écloserie de production en 1981
  • mise au point d'aliments composés adaptés au prégrossissement (aliments extrudés)
  • acquisition des données de base sur le grossissement en bassins et en cages

Plus récemment, les efforts de recherche ont porté sur la génétique (amélioration de la croissance), la physiologie de l'adaptation (qualité de l'eau) et la nutrition (qualité de la chair).

Modes d'élevage et cycle de production

Le turbot est une espèce « gonochorique » où les individus sont soit mâles soit femelles. Les femelles, qui ont une meilleure croissance que les mâles, atteignent leur maturité sexuelle à trois ans et peuvent pondre spontanément en captivité. En modifiant la température d'élevage et la durée du jour on peut obtenir chez cette espèce des pontes décalées toute l'année.

Le turbot est une espèce très féconde, chaque ponte est constituée de centaines de milliers d'œufs (diamètre moyen, 1 mm). A la naissance la larve (taille d'environ 3 mm) paraît très primitive et immature,

mais elle va acquérir en moins d'un mois la morphologie et le niveau d'organisation de l'adulte

Le premier mois d'élevage qui correspond à la période d'alimentation à partir de proies vivantes est délicat.

En France, le grossissement du turbot ne se pratique actuellement qu'en bassins à terre peu profonds (Nord Bretagne, Vendée, Pyrénées Atlantique). Selon le contexte thermique de l'élevage (utilisation fréquente d'eau de forage à 13 °C) l'obtention d'un poids de 1.5 kg n'est possible qu'après, au mieux, deux ans d'élevage. La recherche sur les systèmes en circuit fermé est perçue favorablement pour l'activité d'écloserie.

Évolution de la production

La production de turbot d'élevage est une activité très récente en Europe (40 tonnes en 1985) qui a eu un développement rapide surtout en Espagne. La production européenne connaît une croissance sensible.

La place de la France dans la production de turbot de taille commerciale est modeste, moins de 1 000 t. La France est par contre le leader mondial pour la production de juvéniles vers l'Europe ou la Chine.

Valorisation du produit

Le turbot d'élevage est traditionnellement commercialisé en frais entier, autour de 1.5 - 2 kg (voir ci-contre)

Le conditionnement sous vide en filet pour les grosses pièces est pratiqué et il y a une demande croissante pour du turbot « portion » de 500 à 750 g, de moindre valeur commerciale. Une fraction de la production française de turbot est exportée en vivant.

Le turbot label rouge est élevé dans l'Ouest de la France (Bretagne, Charente-Maritime et Vendée), selon un cahier des charges visant à garantir la finesse (dont une faible teneur en graisses) et la fermeté de la chair. Il est valorisé dans les restaurants haut de gamme, et l'origine France est mise en avant

Le turbot en chiffres

9 573

La production de turbot en Europe (en tonnes) en 2008, FAO, 2010 - la production française en représente moins de 10%.

4,2 millions

La production française d'alevins de turbot en 2004 (nombre d'unités).

76 millions

La production totale française d'alevins (bars, daurade, maigre turbot) en 2008 (nombre d'unités) - Agreste 2009.

577

La consommation française annuelle de turbot -données 2009, FranceAgrimer, 2010.
Le turbot est une espèce festive qui n'est pas toujours différenciée de la barbue (dans les statistiques des exportations par exemple) malgré une différence notoire de qualité de chair. La production aquacole de turbot représente le double de la production française par la pêche et, contrairement au bar, les prix sont en augmentation régulière.

Le turbot d'élevage a sa place sur le marché international des poissons de haute valeur marchande, marché ouvert mais mal défini. Le marché des juvéniles d'écloserie est par contre de plus en plus exigeant et la concurrence est rude.

Points forts / points faibles

Points forts

Points faibles

  • espèce jouissant d'une excellente renommée dans de nombreux pays (Europe-Asie)1
  • cycle d'élevage maîtrisé de la reproduction artificielle au grossissement
  • forte valeur ajoutée des juvéniles et aptitude des gros poissons à la transformation
  • espèce rustique se prêtant bien à l'élevage à haute densité et bonne aptitude à la domestication
  • cycle d'élevage long pouvant être modulé par la température et l'utilisation de lignées monosexes femelles
  • nombre de sites de production limité sur le littoral Manche Atlantique en concurrence directe avec le tourisme
  • marché mondial très concurrentiel (juvéniles et taille commerciale)