Florence : Conférence mondiale sur l'AQUACULTURE
Congrès de l'European Aquaculture Society du 9 au 13 mai 2006, à Florence, Italie. Résumé des contributions acceptés jusqu'au 24 février 2006.
Extrait du Rapport de mission - Denis Lacroix - mai 2006
Ce congrès était organisé conjointement par les deux grandes associations de développement de l’aquaculture dans le monde : la World Aquaculture Society (WAS, 2300 membres) et la European Aquaculture Society (EAS, 550 membres). Le précédent s’était tenu à Nice, en mai 2000.
Il a rassemblé pendant 5 jours plus de 3000 chercheurs et responsables institutionnels de 95 nationalités. Environ 600 communications orales étaient réparties sur 67 sessions suivant un système de 11 salles en parallèle. Entre les salles de conférence étaient présentés les panneaux des 460 posters. Sur le site, l’exposition commerciale accueillait 135 entreprises et organismes; elle a reçu la visite d’environ 2000 visiteurs dont la moitié d’Italiens (source : EAS).
Le thème général du congrès était le lien entre la tradition et la technologie. L’objectif était de montrer que les technologies, dont l’image est ambivalente, constituent un outil remarquable de développement de l’aquaculture, y compris en tenant compte des contraintes de durabilité. En effet, les attentes du citoyen, comme du consommateur, restent centrées autour des notions de qualité, sécurité alimentaire, bien-être et santé animale.
Les travaux portaient sur les disciplines classiques de l’aquaculture (nutrition, physiologie, génétique, etc) et leur relation avec les biotechnologies. Il faut souligner l’émergence de thèmes de plus en plus liés la démonstration que l’aquaculture peut s’intégrer dans détruire (capacité de charge d’un écosystème, animaux échappés, etc) et à la perception de la société (perception du consommateur, aquaculture et société, position des ONG écologistes, etc).
L’U.E. était très présente avec 5 représentants et une implication marquée dans plusieurs sessions. Sous différentes formes, ses représentants ont rappelé la volonté de l’UE de continuer à soutenir l’aquaculture, avec l’objectif de poursuivre le développement de ce secteur. L’aquaculture devrait générer 8 à 10 000 emplois nouveaux sur les 15 prochaines années, notamment dans la conchyliculture et la pisciculture marine au large avec comme mot clef l’intégration dans l’environnement, dans le tissu socio-économique côtier et dans l’imaginaire des gens, touristes, consommateurs, élus, etc.
Ce congrès à vocation mondiale a attiré des représentants de régions habituellement peu représentées comme l e Moyen Orient et la Chine, présente à de nombreuses sessions. Il a été aussi le lieu de multiples réunions satellites impliquant presque toujours des chercheurs français : grands programmes européens en cours comme SeaFood+, ASEM (coop. Europe – Asie) ou Consensus, assemblée générale de l’EAS, groupe de travail de l’UICN, etc.
Le congrès révèle bien l’évolution de l’aquaculture mondiale : il y a 10 ans, la production de masse était au Sud et la technologie et les marchés au Nord (USA, Europe, Japon). Aujourd’hui, la progression économique et scientifique rapide des pays du Sud, surtout en Asie, crée des marchés locaux solvables pour l’aquaculture (Chine, Inde) et fait émerger une capacité de recherche « de masse ». Cette situation exige que la recherche occidentale évolue pour rester compétitive.
Pour préserver un secteur important, qui concourt à la sécurité alimentaire en protéines de manière croissante (4% par an, record de toutes les productions alimentaires), la recherche européenne en aquaculture doit maintenir son effort afin de garder une longueur d’avance, surtout dans les secteurs qui seront vitaux dans la décennie : relations avec l’environnement naturel (durabilité dont la maîtrise des coûts énergétiques), qualité des produits, sécurité alimentaire, intégration socio-économique dans des espaces de plus en plus convoités, maîtrise de l’image de l’espèce « cultivée » (industrielle mais contrôlée) par rapport à l’image de l’espèce « sauvage » (naturelle mais polluée et surexploitée).
En conséquence, l’UE conserve tout son potentiel de développement car l’essentiel de la valeur ajoutée sera moins dans la production en quantité mais plus dans sa maîtrise de la qualité. Cette évolution donne toute sa valeur à la recherche menée par Ifremer et ce d’autant plus que l’institut sera capable d’anticiper les besoins et les attentes des entreprises, des consommateurs, des associations comme des organisations internationales.
Notez que le résumé de la précédente conférence est accessible aussi sur le site EAS et que le livre issu de la conférence 2004 est également paru