Introduction

Présentation

Pisciculture = Aquaculture de poissons

Cette aquaculture est pratiquée principalement en eau douce (86 %). C’est surtout une aquaculture vivrière, qui permettra de fournir localement des protéines animales. Les Carpes (Asie) sont de loin les premières espèces élevées (Carpe commune, C. herbivore, C. argentée, C. marbrée...) pour plus de 24 millions de tonnes. Les Salmonidés sont proches de 2,4 millions de tonnes, avec deux grands producteurs : la Norvège, suivi du Chili. Puis viennent les Tilapias, les Poissons-lait, les Silures (poisson-chat), les anguilles. Les rendements vont de cent kilos par hectare (extensif) à cent kilos par m3 (intensif).

La pisciculture marine représente 9 % de la production mondiale de poissons. Les Sérioles (élevées au Japon) ont une production quasi-constante depuis 1980 (environ 150 000 tonnes), alors que les autres espèces marines voient leur tonnage affecté d’un facteur 56 sur la même période. En 1980, le nombre d' espèces élevées étaient de 17; en 2010 il est supérieur à 75.

Historique

contribution Yves Harache et Jean Louis Gaignon

La pisciculture est une activité ancienne. Une exploitation d'étangs de carpes, en Chine, ou de tilapias en Egypte, était pratiquée dès 2000 avant J.C. Les romains élevaient des poissons en viviers.

En Europe, le développement de la pisciculture en étang accompagne au Moyen - Âge celui des abbayes. Au XVème siècle, des poissons capturés lors de leur remontée vers les eaux saumâtres sont maintenus en bassins.

On attribue toutefois les premiers essais d'élevage à Jacobi qui réussit les premières fécondations artificielles de salmonidés en 1763. Il faut ensuite attendre un contexte de " fièvre aquimaniaque " prônant " un rivage converti partout en fermes aquatiques " pour que les premières " piscifactures marines" soient crées (en 1878 aux Etats - Unis et en 1883 en Norvège). Des travaux sont effectués sur toutes les espèces. Par exemple la reproduction et la fécondation artificielle du turbot ont été pratiquées dès 1894 en Angleterre. Des travaux menés à St Vaast la Hougue en 1898 autorisent Malard à écrire en 1899 que " la pisciculture du turbot sera possible et relativement facile ". C'est aussi entre la fin du XIX et le début du XXème siècle qu'ont eu lieu de grandes opérations de déversement de saumons et de transfert de populations d'une région à l'autre du globe (en 1875 de Californie en Nouvelle - Zélande). Au même moment, dans les années 1890, la trutticulture démarre au Danemark. Son développement s'accroît considérablement à la fin des années 60 lorsque l'alimentation à base de déchets de poissons frais (conserverie, mareyage), qui explique en partie l'implantation en Bretagne de la pisciculture, est remplacée par une alimentation sous forme de granulés. L' " aquaculture nouvelle ", qui fait référence au développement de la pisciculture en mer, s'est développée à la fin des années 70 au Japon avec l'engraissement de la sériole, en Norvège avec les premiers essais d'élevage de truites en cages ainsi qu'avec le début des travaux menés par les institutions de recherche sur le contrôle du cycle de production d'espèces marines en Angleterre et en France entre autres. La première larve de turbot a été ainsi obtenue en captivité en 1972 au CNEXO (devenu depuis IFREMER).

Source photos : Yves Harache 

Modes de production

La pisciculture, comme son histoire l’annonce, est une activité très diversifiée par les milieux dans lesquels elle se pratique, par ses objectifs, ses modalités de production et d’exploitation.

Tout ou partie du cycle biologique peut être concerné par l’élevage. Dans certains cas, la production ne portent que sur les juvéniles : ainsi en est-il lorsque de jeunes saumons sont produits en pisciculture avant d’être relâchés dans le cadre d’opération de repeuplement ou de pacage marin. A l’opposé, et dès lors que la reproduction n’est pas maîtrisée, il est possible d’engraisser des jeunes poissons sauvages qui ont été au préalablement pêchés. C’est le cas pour la sériole au Japon depuis une trentaine d’années. C’est aussi la voie retenue depuis quelques années pour le thon rouge. La limite de cette pratique, appelée embouche, est liée aux quantités de juvéniles sauvages disponibles ou alloués. Ce mode de production peut difficilement se développer, voire se pérenniser sauf à évoluer vers une maîtrise complète du cycle biologique.

L’aquaculture, au sens restreint, correspond à une activité basée sur le contrôle complet du cycle de production des poissons : des œufs aux géniteurs. Dans ce cas, les modalités de production sont également très diverses : de l’exploitation extensive d’étangs sans apport de nourriture à des systèmes complètement contrôlés incluant le recyclage et le traitement de l’eau. Pratiquement, les productions extensives correspondent généralement à des pratiques d’aquaculture vivrière voire, dans nos pays, à des politiques d’aménagement du territoire et de développement d’activités de loisirs (pêche). Les productions les plus intensives ne sont envisageables, quant à elles, que pour des productions de forte valeur commerciale. Ceci est le cas pour des juvéniles (production d'écloserie) ou lorsqu’il existe des marchés de consommation.